RB JEROME BEL
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Dans ses premières pièces (nom donné par l’auteur, Jérôme Bel, Shirtologie…), Jérôme Bel applique des opérations structuralistes à la danse pour isoler les éléments premiers du spectacle théâtral. La neutralisation des critères formels et la distance prise avec le langage chorégraphique le conduisent à réduire ses pièces à leur minimum opérant pour mieux faire émerger une lecture critique de l’économie de la scène, comme du corps qui s’y produit.

Son intérêt se déplace par la suite de la danse comme pratique scénique à la question de l’interprète comme individu particulier. La série des portraits de danseurs (Véronique Doisneau, Cédric Andrieux, Xiao Ke…) aborde la danse par le récit de ceux·elles qui la font, met en avant la parole dans un spectacle chorégraphique et impose la question de la singularité sur scène. La critique formelle et institutionnelle prend ici la forme d’une déconstruction par le discours, dans un geste subversif qui radicalise son rapport à la chorégraphie.

Par le recours au biographique, Jérôme Bel politise ses interrogations, attentif à la crise du sujet dans la société contemporaine et aux modalités de sa représentation sur scène. En germe dans The show must go on, il nourrit des interrogations sur ce que peut politiquement le théâtre qui s’affirment à partir de Disabled Theater et de Gala. Proposant la scène à des interprètes non traditionnel·le·s (amateur·rice·s, handicapé·e·s moteurs et mentaux·ales, enfants…), il privilégie la communauté des différences au groupe formaté, le désir de danser à la chorégraphie, pour mettre en œuvre les moyens d’une émancipation par l’art.

Depuis 2019, pour des raisons écologiques, Jérôme Bel et sa compagnie n'utilisent plus l'avion pour leurs déplacements et c’est avec ce nouveau paradigme que ses derniers spectacles (Xiao Ke, Laura Pante, Danses pour Wu-Kang Chen, Jérôme Bel…) ont été créés, produits et diffusés. Danses non humaines (2023), conçu avec l’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual, analyse les relations de l'histoire de la danse savante occidentale avec le non-humain afin d’enrichir notre sensibilité à son égard.

Invité lors de biennales d'art contemporain et dans des institutions muséales (TATE Modern, MoMA, Documenta 13, Louvre…), il y intervient en présentant des performances et des films. Plusieurs d’entre eux font partie des collections du Musée National d’Art Moderne-Centre Pompidou et du FRAC Normandie. Jérôme Bel est régulièrement convié à donner des conférences dans des universités (Waseda, UCLA, Stanford…). En 2013, il co-signe, avec le chorégraphe Boris Charmatz, Emails 2009-2010, publié aux Presses du Réel.

En 2005, Jérôme Bel reçoit un Bessie Award pour les représentations de The show must go on à New York. Trois ans plus tard, il est avec Pichet Klunchun récompensé par le Prix Routes Princesse Margriet pour la Diversité Culturelle (Fondation Européenne de la Culture) pour le spectacle Pichet Klunchun and myself. Disabled Theater est sélectionné en 2013 pour le Theatertreffen à Berlin et reçoit le Prix suisse de danse « création actuelle de danse ». En 2021, Jérôme Bel et Wu-Kang Chen ont reçu le Taishin Performing Arts Award pour le spectacle Danses pour Wu-Kang Chen.