Pichet Klunchun and myself est comme une guerre entre Pichet Klunchun et Jérôme Bel. La ligne de démarcation de leur territoires est clairement indiquée au centre. Ils se battent pour leur art. Ils répondent aux questions venant d’en face pour clarifier le propos. Ils se questionnent et s’écoutent réciproquement pour apaiser leurs esprits et pour accumuler savoir et sagesse de chacune des réponses aux questions qu’ils ont poséés.

On peut aussi expliquer les choses à la thaïlandaise : la raison pour laquelle deux personnes se rencontrent dans cette vie, c’est que dans leurs vies antérieures leur karma était similaire. Jérôme Bel ne croit pas dans le christianisme et n’a pas de religion. Pichet Klunchun au contraire est un bouddhiste fervent qui croit en Bouddha le Seigneur. Quoiqu’il en soit, ils ne se confrontent jamais sur des sujets religieux, sur des questions liées à la croyance, parce qu’ils communiquent à travers leur lien commun à l’art. Même s’ils ont des idées différentes sur l’art, l’art reste le centre de leur propos. Ils différent aussi par bien d’autres aspects dans la vie, ainsi Jérôme Bel ne porte jamais de noir, tandis que Pichet Klunchun ne porte aucune autre couleur que le noir. Au-dessus de tout se situe l’intelligence et la compréhension qu’ils ont du « travailler ensemble ».

Le déroulement de Pichet Klunchun and myself peut être comparé avec la visite de deux galeries d’art différentes. L’une est un musée national des beaux-arts classique qui présente des œuvres retraçant l’histoire de chaque sujet qu’elles abordent. L’autre est la galerie d’art contemporain d’un artiste qui attend sur place pour expliquer son travail au public.

Pichet et Jérôme ont des obligations proches mais avec des significations différentes. Le public peut comprendre les œuvres classiques venant de l’autre côté du monde, et dans le même temps comprendre des œuvres contemporaines. Les trois éléments que le public peut percevoir dans la pièce sont : des histoires personnelles de Pichet Klunchun et Jérôme Bel, la présentation de leur travail respectif y compris des explications d’ordre technique, théorique et historique, d’intéressantes conclusions à tirer de la confrontation d’œuvres classiques et contemporaines.

Après 1h45 d’un spectacle drôle, le spectateur en saura davantage sur les histoires personnelles, les formes d’art, les cultures, les croyances, les sociétés et les histoires différentes de ces deux acteurs, leurs directions passées, présentes et à venir. C’est la raison profonde pour laquelle j’aime beaucoupPichet Klunchun and myself. Je peux dire librement ce que j’ai à dire, je peux améliorer la compréhension du public envers des formes d’arts que j’adore, je peux divertir le public en l’instruisant. Mais par dessus tout, le plus important pour moi, est que je peux faire exactement la chose que je veux faire.