« Pour moi, l’Opéra de Paris c’est l’Amazonie, une autre civilisation ! J’y suis allé comme un ethnologue part à la rencontre d’une peuplade indigène ». De fait, son ballet s’apparente bien plus à une enquête sociologique qu’à de la danse. Buren aurait appelé ça du travail in situ. Et lui, très simplement, « un documentaire ». Intelligence émotive et bouleversante d’un spectacle où Jérome Bel utilise la danse comme un outil socio-critique. Le spectacle porte son nom à elle : Véronique Doisneau. C’est elle le sujet, c’est elle qui prend la parole. Insolence du geste, provocation, secousse dans la stricte hiérarchie du Ballet de l’Opéra de Paris, malaise dans le public averti des « ballettomanes »… A l’heure des explications, parions qu’il y aura à nouveau bien des mots entre Jérôme Bel et son public.
Jean-Max Colard 22.09.2004