Pour une Asie autre, il faut voir Pichet Klunchun and myself, rencontre de Jérôme Bel et de Pichet Klunchun, interprète de danse traditionnelle thaïe. On voit bien le risque d’une telle proposition – exotisme de pacotille, incommunicabilité -, mais Bel a une telle honnêteté dans sa démarche que bien vite cette conférence (un peu) dansée devient une leçon de choses et de vie. Bel pose ses questions à Klunchun, sur sa profession, ses projets, ses peurs, et parvient ainsi à percer la carapace d’une culture où les dieux, les rois et… les singes ont une place prépondérante.
Ce Candide au Siam frôle le cabotinage, mais parvient toujours à intéresser l’auditoire en expliquant ses concepts de chorégraphie, la nudité sur scène ou les mensonges sur son âge. Bel est un conteur né, mais Pichet Klunchun n’est pas mal non plus. Il danse ainsi quelques pas de chacun des personnages principaux de son univers codifié – homme, femme, démon et singe – et reprend le tout en accéléré, sa vision d’un art ancestral où on ne meurt pas sur scène car cela porte malheur.
[…] Les voies de la danse ne sont plus si impénétrables.
Philippe Noisette 06.07.2005